extrait Concert d'Aigues-Mortes 09/2016
América insurrectaNuestra tierra, ancha tierra, soledades,
se pobló de rumores, brazos, bocas.
Una callada sílaba iba ardiendo,
congregando la rosa clandestina,
hasta que las praderas trepidaron
cubiertas de metales y galopes.
Fue dura la verdad como un arado.
Rompió la tierra, estableció el deseo,
hundió sus propagandas germinales
y nació en la secreta primavera.
Fue callada su flor, fue rechazada
su reunión de luz, fue combatida
la levadura colectiva, el beso
de las banderas escondidas,
pero surgió rompiendo las paredes,
apartando las cárceles del suelo.
El pueblo oscuro fue su copa,
recibió la substancia rechazada,
la propagó en los límites marítimos,
la machacó en morteros indomables.
Y salió con las páginas golpeadas
y con la primavera en el camino.
Hora de ayer, hora de mediodía,
hora de hoy otra vez, hora esperada
entre el minuto muerto y el que nace,
en la erizada edad de la mentira.
Patria, naciste de los leñadores,
de hijos sin bautizar, de carpinteros,
de los que dieron como un ave extraña
una gota de sangre voladora,
y hoy nacerás de nuevo duramente
desde donde el traidor y el carcelero
te creen para siempre sumergida.
Hoy nacerás del pueblo como entonces.
Hoy saldrás del carbón y del rocío.
Hoy llegarás a sacudir las puertas
con manos maltratadas,con pedazos
de alma sobreviviente, con racimos
de miradas que no extinguió la muerte,
con herramientas hurañas
armadas bajo los harapos.
Traduction
L'Amérique insurgée
Notre terre, Vaste terre, solitudes,
Se peupla de rumeurs, de bras, de bouches,
Une syllabe muette qui brûlait
Y rassemblait la rose clandestine,
Jusqu’au jour où les prairies trépidèrent,
Couvertes de métaux et de galops.
La vérité fut dure comme une charrue.
Elle rompit la terre, établit le désir,
Enfouit ses propagandes germinales
Et naquit durant le printemps secret.
Sa fleur fut silencieuse,
Repoussée sa gerbe de lumière,
Combattus le levain collectif,
Le baiser des drapeaux cachés,
Mais elle surgit, lézardant les murs,
Écartant les geôles du sol.
Et le peuple obscur fut sa coupe.
Il reçut la substance refoulée,
La propagea jusqu’aux limites de la mer,
Il la pila dans les mortiers irréductibles.
Et il sortit avec ses pages martelées
Et avec le printemps sur le chemin.
Heure d’hier, heure méridienne,
Heure à nouveau d’aujourd’hui.
Heure attendue entre la minute morte
Et celle qui naît à l’heure hérissée du mensonge.
Patrie, tu fus engendrée par les bûcherons,
Par les enfants sans baptême,par les charpentiers.
Par ceux-là qui donnèrent, tel un oiseau étrange,
Une goutte de sang ailé,
Et d’aujourd’hui tu vas renaître durement,
De ce lieu où le renégat et le geôlier
Te croient à jamais submergée.
Aujourd’hui comme alors, Tu vas renaître au peuple.
Aujourd’hui, tu vas sortir du charbon, de la rosée.
Tu vas venir secouer les portes
Avec des mains meurtries, des bribes d’âme vivante,
Des grappes de regards
Que la mort n’a pas éteintes,
Avec aussi de durs outils
Armés sous les haillons.